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Le Maatam Husseini: un héritage culturo-spirituel

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Par Ali Bernard CHANGAM du Cameroun

 

Les rituels  de deuil de l'imam Hussein sont tenus tous les ans en Achoura par tous les disciples des Ahlulbayt pour montrer leur degré d'amour pour l'Imam Hussein, le troisième Imam qui a sacrifié son âme pour la religion. L’imam dont le Messager d'Allah a dit : "Le martyre de Hussein a allumé un feu dans le cœur des croyants qui ne s'éteindra jamais" tandis que l'Imam Hassan a dit: "Pas de  jour semblable au tien O Aba Abdallah (Imam Hussein).

Dans tous les pays du monde, les chiites organisent des assemblées pour parler de la tragédie et fait revivre l’évènement tout en tirant des leçons de cette triste tragédie. Cela est appelé le MAATAM HUSSEIN. Le Maatam Hussein qui a commencé par sa sœur Zenab (as) témoin de la tragédie, a durant plus de 14 siècles, servi de consolidation de la foi et même de révolution de pensées pour les chiites. Il reste un acte tant culturel que spirituel. Cet acte a pris une place importante dans les cérémonies commémoratives de Achoura en Afrique. 

En brodant sur ce thème, de nombreuses pièces ont été écrites, construites chacune autour d’un épisode particulier du cycle de l’Achoura, ou de l’histoire de l’un des membres de la famille des descendants du Prophète, d’Ali, ou des partisans. Ainsi, il existe le Maatam du martyre de Moslem, un compagnon de Hossein ; des enfants de Moslem ; d’Ali Akbar, le fils aîné de Hossein ; celui de Kassem, le fils de son frère Hassan ; des enfants de Zeinab, sœur de Hossein…

S’il fallait faire un rapprochement avec le monde chrétien médiéval, c’est comme si les auteurs de la Passion du Christ avaient écrit de nombreuses pièces sur chacun des apôtres ou sur les événements les plus accablants de la Semaine Sainte : la trahison de Judas, le reniement de Pierre, la Cène, la crucifixion, la mise au tombeau, etc. Comme les chrétiens ont joué pendant des siècles, jusqu’à la fin du Moyen-Âge, des spectacles représentant la Passion du Christ, les chiites jouent, aujourd’hui encore, la Passion de Hossein.

Nous avons eu des témoignages poignants des croyants malades qui ont eu guérison du fait d’assisté ou offrir des repas lors des assises où sont lu les Maatam. La lecture du Maatam a pour objectif de faire pleurer les participants (la terre et les cieux ont pleuré ce jour). L’Imam al-Hussein disait de lui-même : « Je suis le tué qu’on pleure de larmes intarissables. Aucun croyant ne m’évoque qui ne se met à pleurer ». Car à cet instant le croyant vit en direct l’évènement passé il y a des siècles; mais pas en chair mais par le cœur.

Lorsque les populations chiites assistent à un Maatam, il n’est nullement question d’un jeu, ni d’une distraction de l’esprit. Dans leur pensée, aucun acte ne saurait être plus religieux, plus grave, plus important, plus méritoire. L’homme à ce moment se trouve en face de ce qu’il ne saurait trop profondément méditer. L’émotion dans laquelle il entre est sacrée ; s’il restait froid, ce ne serait pas un homme, car il se montrerait insensible à la cruauté et à l’injustice; ce ne serait pas un musulman, car il mépriserait la famille du Prophète; ce ne serait pas un croyant, car il prend à la légère l’expiation des péchés.

Comment le mieux expier ses fautes autrement qu’en participant à la représentation des souffrances de l’imam Hossein à Karbala ? Dont la cérémonie de lecture du Maatam efface nos péchés. Le sixième imam, l’imam Sâdiq (Psl) rapporte de son père, l’imam Bâqer (Psl) : « Celui qui verse une larme, même de la taille d’une aile de mouche, sur ce qui est arrivé à l’Imam al-Hussein (Psl), Dieu lui pardonne ses péchés même si ils étaient de la grandeur de l’écume de la mer ».