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connaitre l'imam Hussein (as)

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Imam al-Husayn (a) ), al-Husayn b. Ali b. Abî Talib, surnommé Abâ 'Abd Allah, est le troisième Imam des chiites. Il naquit en quatrième année de l'Hégire à Médine, et mort en martyre en 61e année de l'Hégire à Karbala. Il est le deuxième fils de l'Imam Ali (a) et de Fatima az-Zahra (a), et le deuxième petit-fils du Prophète (s), ainsi qu'un des cinq membres immaculés de la famille du Prophète (s) (ahl al-Bayt (a)).

Il était un des compagnons de l'Imam al-Hasan (a) durant son Imamat et même après le martyre de son frère, il resta fidèle à son traité de paix avec le gouvernement de Muawiya jusqu'à la mort de ce dernier. Après Muawiya, il ne fit pas l'allégeance avec Yazid b. Muawiya.

Yazid insista sur l’émir de Médine d’exiger l’allégeance à l’Imam al-Husayn (a) ou de le tuer. Le 27 Rajab en l’an 60 de l’Hégire, l’Imam al-Husayn (a) alla à La Mecque. Puisque les gens de Koufa lui avaient envoyé plusieurs invitations, lui demandant d’accepter le gouvernement, il décida d’aller vers Koufa. Mais, Ubayd Allah ibn Zîyâd, l’envoyé de Yazid, arriva avant l’Imam (a) à Koufa. alors l’Imam (a) ne put pas y entrer.
Enfin, dans un combat entre l’Imam al-Husayn (a) et l’armée de Ubayd Allah ibn Zîyâd, qui eut lieu à Karbala, le 10 Muharram en l’an 61 de l’Hégire, l’Imam (a) et tous ses compagnons (environ 72 personnes) moururent en martyre.

Après cette tragédie, la famille de l'Imam (a) furent captifs et on les ramena à Koufa et à Châm (Syrie).

Pendant des siècles, cette tragédie influençait le comportements de plusieurs musulmans et de plusieurs chiites. Aussi, plusieurs révolutions et combats contre l’injustice en relèvent.

Chaque année, les chiites font preuve de deuil sur le martyre de l'Imam al-Husayn (a) en se lamentant et en se manifestant.

Généalogie

La lignée de l'Imam al-Husayn (a) est ainsi : al-Husayn b. Ali b. Abî Talib b. Abd al-Muttalib b. Hachim. Son père, le Commandeur des croyants, l'Imam Ali (a), est le premier Imam des chiites, et sa mère est Fatima az-Zahrâ (a), la fille du Prophète (s).

L'Imam al-Husayn (a) est le troisième Imam des chiites et le deuxième enfant de l'Imam Ali (a) et de Fatima az-Zahrâ (a). Ses frères sont : l'Imam al-Hasan (a) (le deuxième Imam des chiites), Muhammad, al-Abbas et Umar.

Naissance

Le lieu de la naissance de l'Imam al-Husayn (a) est Médine. L'année de sa naissance, d'après certains savants et historiens, est la troisième année de l'Hégire. Mais, selon la majorité des érudits dans le hadith et des historiens, est la quatrième année de l'Hégire. A propos du jour de sa naissance, il y a des divergences. Par contre, la plupart des historiens le considère le troisième jour du mois de Sha'bân.
Après sa naissance, le Prophète (s) choisit Umm Al-Fadl, l'épouse de al-Abbas b. 'Abd al-Muttalib comme la nourrice d'al-Husayn (a). Donc, l'Imam al-Husayn (a) et Qutham b. Abbas étaient les frères de lait.

Appellation

Le mot « Husayn » vient du nom « Hasan » qui signifie bon. D'après les récits chiites, le Prophète (s) le nomma Husayn selon l'ordre divin, avant qu'autre nom soit choisi pour lui. Il dit ensuite :

« J'ai reçu l'ordre de nommer ces fils qui sont les miens, Hasan et Husayn. Aron, nomma ses deux fils Shubbar et Shubayr,[1] et moi, je nomme mes deux fils, Hasan et Husayn, aux mêmes noms qu'Aron nomma ses fils. »

Ces deux noms : Hasan et Husayn sont des noms célestes qui n'avaient pas d'antécédents auparavant.

Selon certaines narrations sunnites, l'Imam Ali (a) dit :

« Je ne nomme pas mon fils, tant qu'il y a le Prophète Muhammad (s). »

Surnoms

Le surnom de l'Imam al-Husayn (a) est Abâ 'Abd Allah. Le Prophète (s) lui donna ce surnom dès sa naissance. Cela pouvait être à cause d'un fils de l'Imam al-Husayn (a) qui s'appelait 'Abd Allah. Abâ 'Abd Allah signifie: le père des serviteurs d'Allah. Certains croient que ce surnom n'est pas parce qu'il avait un fils, appelé 'Abd Allah, mais, ça vient plutôt de sa signification. Ça veut dire, si le soulèvement de l'Imam al-Husayn (a) n'était pas, tout le monde oublierait Allah et il n'y aurait plus des serviteurs d'Allah. C'est pourquoi, il est surnommé le père des serviteurs d'Allah. « Abû Ali » (le père de Ali), « Abû ash-Shuhadâ » (le père des martyrs), « Abû al-Ahrâr » (le père de ceux qui sont libres intérieurement) et « Abû al-Mujâhidîn » (le père de ceux qui luttent sur le chemin de Dieu) sont ses autres surnoms.

Titres

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L'Imam al-Husayn (a) a de nombreux titres. Certains d'entre eux sont communs avec ceux de son frère, l'Imam al-Hasan (a). comme Sayyid Shabâb Ahl al-Janna (le Maître des jeunes résidents dans le Paradis). Parmi les titres particuliers de l'Imam al-Husayn (a), on peut mentionner : az-Zakîy, at-Tayyib, al-Vafîy, as-Sayyid, al-Mubârak, an-Nâfi', Ad-Dalil 'Alâ Zâti Allah, ar-Rashîd, At-Tâbi' li Mardât Allah.

Ibn Talha ash-Shâfi'î, pense qu'az-Zakîy est son titre le plus connu, mais, il précise que son titre, Sayyid Shabâb Ahl al-Jannat, est le plus important.

Dans certains hadiths, il est surnommé ash-Shahîd (Martyr), ou Sayyid ash-Shuhadâ' (Maître des Martyrs).

Femmes et ses enfants

Femmes

  1. Shahrbânû, la fille de Yazdgird, le roi de Perse (selon certains historiens), et la mère de l'Imam as-Sajjâd (a).[2]
  2. Rabâb, la fille d'Imra' al-Qays. Elle était une femme très sage avec un meilleur comportement.[3] Elle avait deux enfants de l'Imam al-Husayn (a), 'Abd Allah (Ali Asghar) qui était un nourrisson, quand il mourut en martyre à Karbala, et Sukayna. 'Abd Allah fut tué, lorsqu'il était dans les bras de l'Imam al-Husayn (a), par la flèche des ennemis.[4] Rabâb était présente à Karbala et fut amené vers Châm (Syrie). [5]
  3. Laylâ, la fille d'Abî Murrat b. 'Urvat b. Mas'ûd ath-Thaqafî.[6] Elle était la mère de Ali Akbar, le grand fils de l'Imam al-Husayn (a).[7]
  4. Umm Is'hâq. Elle était d'abord la femme de l'Imam al-Hasan (a). Après son martyre, elle s'est mariée avec l'Imam al-Husayn (a)[8]. Selon cheikh al-Mufîd, elle avait une fille de l'Imam al-Husayn (a) qui s'appelait Fatima.[9]
  5. Sulâfa, de la tribu de Qudâ'a. Elle avait un fils de l'Imam al-Husayn (a) qui s'appelait Ja'far.[10]

Enfants

Les sources anciennes ont cité les noms de quatre fils et de deux filles pour l'Imam al-Husayn (a).[11] Mais, les sources précédentes ont cité les noms de six fils et de trois filles.[12]

Voici les noms de ses enfants avec les noms de leurs mères :

  1. Ali Akbar, le grand fils de l'Imam al-Husayn (a), le fils de Laylâ.
  2. Ali b. al-Husayn, Ali Awsat, le quatrième Imam des chiites, connu sous le nom de Zayn al-'Âbidîn (l'ornement des adorateurs), son titre est as-Sajjâd et Abû Muhammad. Sa mère est Shahrbânû, la fille de Yazdgird, le roi de Perse.
  3. 'Abd Allah b. al-Husayn, ou 'Abd Allah ar-Radî'(nourrisson), surnomé Ali Asghar, martyre de Karbala. Sa mère est Rabâb.
  4. Ja'far b. al-Husayn, mort lorsque l'Imam (a) était en vie. Sa mère est une femme de la tribu de Qudâ'a. Il n'a pas de descendance.
  5. Fatima, la fille aînée de l'Imam (a). Sa mère est Umm Ishâq, la fille de Talha.
  6. Sukayna bt. al-Husayn, la fille de l'Imam (a). Sa mère est Rabâb.

A part ces six enfants, on voit les noms de deux autres fils et une autre fille dans les sources, qui s'appellent : Ali Asghar, Muhammad et Zaynab.[13] Ibn Talha ach-Chafi'î écrivit que l'Imam (a) avait dix enfants, mais, il n'en a cité que neuf.[14] Aussi, dans certaines sources précédentes, on est rapporté le nom d'une fille de l'Imam al-Husayn (a), sous le nom de Ruqayya.[15]

Martyre

L'Imam al-Husayn (a) mourut en martyre le dixième jour du mois de Muharram (le jour de Achoura), de l'année 61H. Le lieu de son martyre est le champ de Niynavâ (Karbala) en Iraq actuel. Diverses sources considèrent le jour de son martyre vendredi, samedi, dimanche ou lundi. Mais, la version la plus célèbre est que ce fut un vendredi. En même temps, Abû al-Faraj al-Isphahânî écrit que les historiens sont unanimes sur le fait que ce jour fut un lundi, mais, il argumente d'après des calcules mathématiques des calendriers, que cela ne peut pas être correct.

Les historiens ont des avis divergents concernant son âge à la fin de la vie. Certains le considèrent 56 ans et 5 mois, d'autres 57 ans et 5 mois, ou 58 ans.

Rôle avant l'Imamat

A l'époque du Prophète (s)

L'Imam al-Husayn (a) avait 7 ans au moment du décès du Prophète (s). Cependant, il participa aux certains évènements importants de l'époque du Prophète (s). Parmi ces évènements, on peut mentionner al-Mubâhala (L’ordalie) avec les chrétiens de Nadjran, la désignation des Ahl al-Kisâ' (des membres immaculés de la famille du Prophète (s)), l'Allégeance avec le Prophète (s) où il a été pris comme témoins dans la correspondance.

Ibn Sa'd[16] a mentionné l'Imam al-Husayn (a) comme faisant parti du dernier et cinquième rang des compagnons du Prophète (s), qui était petit au moment de son décès et qui n'a pas assisté à aucune bataille à côté du Prophète (s).

Il était toujours très aimé par le Prophète (s) et recevait des attentions très particulières de sa part. Il est rapporté du Prophète (s):

انَّ الحَسَنَ و الحُسینَ سَیِّدا شَبابِ اَهلِ الجَنّةِ

Al-Hasan et al-Husayn sont des maîtres des jeunes du Paradis

Sharh al-Akhbâr, v 3 p 74

Il les aimait tellement que, quand al-Hasan et al-Husayn entraient dans la mosquée, le Prophète (s) parfois laissait son prêche incomplet, descendait, les accueillait et les embrassait.[17]

Anas b. Mâlik rapporte :

« Lorsqu'on demanda au Prophète (s) lequel parmi les Ahl al-Bayt, il préférait ?

Il répondit : al-Hasan et Husayn. »[18]

A l'époque des trois califes

L'Imam al-Husayn (a) passa presque 25 ans de sa vie, sous le califat de trois califes : Abu Bakr, Umar, Uthman. Il eut 7 ans au début de l'époque du premier calife, 9 ans au début du califat de Umar et 19 ans quand Uthman prit le califat.

Abu Bakr

La période du califat d'Abu Bakr était une époque très particulière pour la Famille du Prophète (s) (Ahl al-Bayt). Les membres immaculés de la famille du Prophète (s) étaient, durant cette époque, d'un côté en deuil et très tristes par le décès du Prophète (s), d'autre côté, ils étaient sous la pression causée par les enjeux et conflits liés du passage du pouvoir.

Il est rapporté que les premiers jours de cette période, l'Imam al-Husayn (a) accompagnait dans la nuit son frère, l'Imam al-Hasan (a), sa mère, Fatima (a) et son père, l'Imam Ali (a), de maison en maison pour voir les gens du « Badr », afin de se récupérer leur droit évident concernant la succession du Prophète (s).[19]

Umar

Nous n'avons pas beaucoup de renseignements à propos de l'Imam al-Husayn (a) durant le califat d'Umar. Cela peut être interprété par sa participation au silence de son père et à la retraite qu'il avait pris du pouvoir et de la politique durant cette époque.

Il est rapporté dans certaines sources qu'au début du califat de Umar, l'Imam al-Husayn (a) entra un jour à la mosquée. lorsque Umar était en train de faire son discours, assis sur la chaire du Prophète (s). l'Imam (a) monta la chaire et lui dit :

« Descends de la chaire de mon père et mets toi sur celle de ton père ! »

Umar, étonné de cette parole, dit :

« Mon père n'a jamais eu de chaire ! » Il le mit ensuite à côté de lui-même.[20]

Uthman

L'Imam al-Husayn (a) eut 19 ans, lorsque Uthman prit le pouvoir. Il bannit Abûdhar al-Ghifârî de Médine et l'envoya à Rabadha. Aussi, il donna comme ordre que personne ne devait l'accompagner. Alors, quand il quittait la ville, personne n'osait s'approcher de lui. Cependant, l'Imam al-Husayn (a) avec son père l'Imam Ali (a), son oncle 'Aqîl, ainsi que son frère l'Imam al-Hasan (a), son cousin 'Abd Allah b. Ja'far et 'Ammâr b. Yâsir le rejoignirent et l'accompagnèrent. [21]

Plus tard, quand le peuple se révolta contre le troisième calife, Uthman; l'Imam Ali (a), d'après certaines narrations, essayait de protéger Uthman afin de protéger l'unité de la communauté musulmane. Il envoya ses enfants (al-Hasan et al-Husayn) à son secours. [22]

Gouvernement de l'Imam Ali (a)

L'Imam al-Hasan (a) et l'Imam al-Husayn (a) participèrent à côté de leur père, aux batailles Jamal, Siffîn et Nahravân.[23] Lors de la bataille de Siffîn, L'Imam al-Husayn (a) fit un discours pour encourager tout le monde à faire le djihad.[24]

Il est rapporté que l'Imam Ali (a) a transmis à l'Imam al-Husayn (a), suite à l'Imam al-Hasan (a), la responsabilité des dons (mawqûfât).[25] Il est également rapporté que lors du martyre de son père, l'Imam Ali (a); l'Imam al-Husayn (a) fut absent (à Madâ'in afin d'effectuer une mission de la part de son père. Il apprit la nouvelle par une lettre de la part de son frère l'Imam al-Hasan (a),[26] et put ainsi participer à l'enterrement de son père.[27]

Gouvernement de l'Imam al-Hasan (a)

Après le martyre du Commandeur des croyants, Ali (a), le pouvoir, ainsi que l'Imamat fut transmis à l'Imam al-Hasan (a). La période de califat de l'Imam al-Hasan (a) fut six mois, et celle de son Imamat dix ans. L'Imam al-Husayn (a) fait tout de suite l'allégeance avec son frère. il fut un proche compagnon de lui et toujours à son côté. Il eut un rôle très important dans le camp de Nukhayla, ainsi qu'à Madâ'in et Sâbât pour réunir de l'armée.[28]

D'après certaines sources, quand l'Imam al-Hasan (a) fit le traité de paix avec Muawiya, un groupe de dévoués d'Ahl al-Byat, demanda à l'Imam al-Husayn (a) de résister contre Muawiya. Mais, il soutint sérieusement son frère et resta fidèle envers son traité.[29] Quand Qays b. Sa'd lui demanda la raison, il lui exprima explicitement son avis. Ensuite, après conclure le contrat de paix, il accompagna son frère de Koufa à Médine et s'y installa.[30]

De son Imamat à son martyre

Son Imamat

Après le martyre de l'Imam al-Hasan (a), en l'an 50 H/670, l'Imamat fut transmis à l'Imam al-Husayn (a) et il était l'Imam (a) jusqu'au 10 Muharram 61 H/680.

Preuves de son Imamat

Le hadith :

إبنای هذان امامان قاما أو قعدا

Ces deux enfants qui sont les miens (al-Hasan et al-Husayn) sont Imams, qu'ils se révoltent ou se compromettent

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est considéré comme une preuve de leur Imamat.

Par ailleurs, il existe de différents autres hadiths prophétiques dans lesquels, le nombre exactes des Imams, ainsi que l'Imamat de chacun, comme: l'Imamat de l'Imam Ali (a), de l'Imam al-Hasan (a), de l'Imam al-Husayn, et neuf personnes de la descendance d'al-Husayn b. Ali (a), sont mentionnés très clairement.[31]

Une autre preuve de l'Imamat de l'Imam al-Husayn (a), est le testament de l'Imam al-Hasan (a) dans lequel, il conseille Muhammad b. al-Hanafîyya de suivre, après lui, son frère al-Husayn.[32]

Le cheikh al-Mufîd argumente, d'après ces preuves, que l'Imamat de l'Imam al-Husayn (a) est claire et définitif, bien que l'Imam al-Husayn (a) n'ait pas effectué son invitation publiquement à l'époque de Muawiya. D'après le cheikh al-Mufîd, cela fut en rapport avec des contraintes liées au pacte de paix de l'époque de son frère, l'Imam al-Hasan (a), avec le gouvernement. Néanmoins, après la mort de Muawiya et le terme du contrat de paix, al-Husayn b. Ali (a) annonça son Imamat.[33]

La connaissance totale et absolue de la science divine est une condition de l'Imamat. Ce fut pour cette raison que l'Imam Ali (a) demanda à son fils, al-Husayn (a), de faire, comme son frère, al-Hasan (a), un discours publique pour prouver ainsi son savoir révélé et empêcher les gens de Quraysh de le juger comme dénué de la connaissance divine.[34]
D'autres récits témoignent de son statut scientifique très élevé auprès des gens qui lui demandaient des fatwa.[35] On se base également sur certaines paroles de l'Imam al-Husayn (a), lui-même[36], à propos de son Imamat, et de ses karâmat et miracles comme preuve de son Imamat. [37]

Gouvernement de Muawiya

L'Imam al-Husayn (a) fut la personne la plus compétente pour prendre la direction de la société après le martyre de son frère, l'Imam al-Hasan (a).[38] Mais, comme nous l'avons mentionné plus haut, il resta fidèle au pacte que son frère avait conclu avec Muawiya, et demeura silencieux malgré le fait que les gens sollicitèrent sa réaction (par des lettres adressées à lui) contre le gouvernement. Il n'a, néanmoins, jamais reconnu la légitimité du gouvernement de Muawiya sur les musulmans et a toujours insisté sur la nécessité du djihad contre les oppresseurs.

Muawiya redoutant la révolte d'al-Husayn (a) après le martyre de al-Hasan (a), lui demanda d'éviter le conflit. L'Imam al-Husayn (a) lui répondit par un rappel de sa fidélité envers le pacte signé par son frère; et répondit également à ceux qui sollicitaient sa réaction ainsi :

« Je n'ai pas aujourd'hui l'intention (de me révolter); que Dieu vous soit miséricordieux; restez calme chez vous et évitez les malentendus lorsque Muawiya est en vie; le jour où Dieu lui voudra autre chose (la mort), je vous ferai part de ma pensée si je serai en vie à ce moment-là. »[39]

L'Imam al-Husayn (a) exprima, durant cette période, tantôt explicitement tantôt discrètement, les sentences et les préceptes de l'Imamat et du califat tout en expliquant les caractéristiques du calife juste. Son discours lors de la grande assemblée du pèlerinage (hajj) à Minâ, et ses nombreuses réunions secrètes à La Mecque sont les exemples de ses démarches pédagogiques auprès des croyants.

Pendant ces dix années de l'Imamat de l'Imam al-Husayn (a), de nombreuse correspondances ont été effectuées entre lui et Muawiya. A travers ces lettre nous pouvons comprendre la position de l'Imam al-Husayn (a) contre Muawiya. Il dénonçait et accusait, à travers ces lettres adressées à Muawiya, sa moindre acte contradictoire aux préceptes islamiques, et le critiquait. Parmi ses accusations les plus graves nous pouvons citer la mise à mort en martyre de Hujr b. 'Adî, 'Amr b. Hamiq al-Khuzâ'î, ainsi que celle de al-Hadramî et ses compagnons.

Muawiya fit un voyage à Médine, afin de rencontrer les personnalités importantes de cette ville, y compris l'Imam al-Husayn (a), et demander leur allégeance et ainsi approuver le passage du pouvoir à son fils, Yazid. Il rendit alors visite à l'Imam al-Husayn (a) et essaya de lui parler de son objectif et lui demanda son accord. Mais, l'Imam (a) n'hésita pas de le critiquer gravement, de mettre sérieusement en question les incompétences et les caprices de Yazid et de l'avertir par impertinence de son idée. L'Imam al-Husayn (a) fut un des rares personnes à ne pas faire l'allégeance avec Yazid; il accusa même très sérieusement Muawiya, lors d'un discours public à ce propos.

Politique de Muawiya contre l'Imam al-Husayn (a)

Muawiya, tout comme les trois califes précédents, gardait un grand respect (en apparence) pour l'Imam (a); Et cela surtout parce qu'il était conscient de la place qu'il occupait auprès des gens de La Mecque et de Médine. En même temps, il voyait très bien combien l'Imam al-Husayn (a) lui faisait des obstacles dans sa conduite de gouvernement et s'inquiétait constamment d'une révolte de sa part. Il pris donc, pour toutes ses raisons, une politique très flexible vis à vis de lui. Il ordonnait également à ces agents de le respecter et de ne pas lui poser de problème. Il le surveillait, par ailleurs et sans cesse, dans tous les aspects de sa vie, que ce soit de l'ordre privé ou public, en n'hésitait pas de le lui faire entendre afin de le contraindre dans ses éventuelles tentations de révolte.
Muawiya avait conseillé à son fils, Yazid, également de le craindre et de ne pas insister sur son allégeance.

Gouvernement de Yazid

Yazid, avant la prise du pouvoir, avait une réputation péjorative à cause des ses excès dans les plaisirs mondain et ses états d'ivresse. Il était tellement excessif dans ses habitudes que même son père, Muawiya, lui le reprochait et essayer de l'abstenir. Ainsi, afin de réparer l'image de son fils et le rendre légitime pour la prise de pouvoir, Muawiya l'envoya en tant que responsable des pèlerins de Châm à La Mecque, en 51e année de l'Hégire. Mais, Yazid, ne put pas s'abstenir, lors de se voyage non plus, et exagéra encore dans la consommation du vin, il se rendit également aux réunions de plaisir mondains dès son retour à Médine.

Yazid a prit, en 52e année de l'Hégire, le chemin de Rome, accompagné de l'armée de Châm, sous l'ordre de son père, Muawiya. La troupe de Châm prenait le chemin vers les territoires romains, tandis que Yazid et sa femme, Umm Kulthûm, s'arrêtèrent à Dayr Murrân, pour afin d'orgie et de débauche. Ce fut à ce moment-là, qu'il fut informé que la troupe de l'islam est attrapé par des maladies (le choléra et la variole), dans un endroit nommé Ghazqazuna, et qu'elle subit de lourdes pertes.

En dépit de cela, et avec l'obscénité totale et en récitant des poésies, il exprima qu'il n'avait pas de crainte que les soldats souffrent de la variole et le choléra, et qu'ils meurent. Ces propos remonta même Muawiya contre lui, et firent qu'il ordonna à Yazid de rejoindre le camps de l'armée musulmane. Yazid obéit son père avec l'amertume, rejoignit la troupe et alla avec eux à la conquête de Constantine. Mais, ils ne purent pas évidement conquérir cette ville et retournèrent. Des personnages importants comme Ibn Abbas, 'Abd Allah b. Zubayr et Abû Ayyûb al-Ansârî furent présents dans cette bataille.

Malgré tous ces faits ainsi que la contestation de nombreux musulmans et personnages importants de La Mecque et Médine, Muawiya insista sur la passation du pouvoir à Yazid, et réussit enfin, en l'an 56 H, de prendre l'allégeance du peuple pour le gouvernement de Yazid.

Condition socio-politique durant le gouvernement de Yazid

La courte période de gouvernance de Yazid b. Muawiya , fut une période de fortes tensions. Durant son gouvernement de trois ans et quelques mois, il dépensa ses efforts surtout pour calmer les révoles et les guerres civiles dans la terre de l'islam. La période de son gouvernement est très réputé par la forte oppression. Al-Mas'ûdî écrit à ce propos :

« Le sîra (manière de gouverner) de Yazid fit comme Pharaon, même pire, puisque ce dernier était plus juste à l'égard de son peuple, et plus loyal à l'égard de ses élites ».

Tandis que Yazid tua l'Imam al-Husayn (a), Ahl al-bayt, et leurs compagnons durant la première année de son gouvernement; il brisa la révérence de la mosquée de l'Envoyé de Dieu (s) à Médine durant la deuxième année de son gouvernement ; il attaqua et brula la Ka'ba durant la troisième année de son gouvernement !

Réaction et la position de l'Imam al-Husayn (a) contre Yazid

Départ de Médine

Après la mort de Muawiya, le 15 Rajab de l'an 60 de l'Hégire, Yazid prit le gouvernement à Damas. Yazid qui vivait alors à Havârin, se rendit à Damas suite à la mort de son père, où les gens ont fait l'allégeance avec lui, et il écrit une lettre adressée à Walîd b. 'Ataba, le gouverneur de Médine en lui disant :

« Ne relâche pas 'Abd Allah b. Umar, ni 'Abd Allah az-Zubayr, jusqu'à obtenir leur allégeance avec moi. »

Le gouverneur de Médine demanda le conseil de Marwân b. al-Hakam à ce propos. Ce dernier lui dit :

« Si tu veux entendre mon avis, les gens de Médine ne sont pas encore informés de la mort de Muawiya. S'ils sont informés, ils entoureront al-Husayn et le fils de Zubayr, et de là, déclenchera un grand conflit. Tandis que le fils de Umar, n'est pas un homme de révolte et de conflit, sauf, si les hommes le sollicitent et lui demandent de califat. »

Walîd envoya alors un messager auprès de 'Abd Allah b. Zubayr et al-Husayn b. Ali (a) qui furent à la mosquée. Lors que l'envoyé leur donna le message, ils lui demandèrent de retourner chez le gouverneur. Ibn Zubayr dit ensuite à l'Imam al-Husayn (a) :

« Pourquoi veut-il nous voir ? qu'en penses-tu ? »

L'Imam (a) lui répondit :

« Je pense que Muawiya est mort, et Walîd voudrait ne demander l'allégeance. »

'Abd Allah lui répondit :

« Moi aussi, je pense ainsi ! que feras-tu alors ? »

L'Imam al-Husayn (a) répondit :

« Je vais le voir ! Mais, j'emmènerai des miens avec moi pour qu'il ne puisse pas m'attaquer, et au cas où le conflit sera grand, ils me protègeront. »

Ce fut ainsi. Quand Walîd lui demanda l'allégeance avec Yazid, l'Imam al-Husayn (a) lui dit :

« Personne ne fait l'allégeance en cachette ! invite tous les gens de la ville, ainsi que moi-même. Je vais voir ce qui se passera en public. » Walîd lui dit :

« D'accord ! Rentre alors sauf et sain. »

Alors que Marwân dit à Walîd :

« Ne le laisse pas ainsi partir ! S'il part sans donner son allégeance, tu ne pourras plus jamais l'avoir. Tue-le, s'il n'accepte pas de faire l'allégeance ! »

Ce propos remonta l'Imam al-Husayn b. Ali (a) qui lui dit :

« Ni toi, ni lui, vous ne pouvez pas me tuer ainsi ! »

L'Imam al-Husayn (a), et le fils de Zubayr, quittèrent ainsi Médine pour La Mecque, sans faire l'allégeance.

Lettres des habitants de Koufa à l'Imam al-Husayn (a)

Pendant les jours où Damas s'inquiétait pour ceux de Hedjaz qui ne faisaient pas l'allégeance avec Yazid, à Koufa la situation était encore beaucoup plus tendue.
Les chiites de l'Imam Ali (a), qui avaient subi beaucoup de répressions durant les vingt années de gouvernement de Muawiya, étaient très soulagés par la nouvelle de la mort de celui-ci. D'autre part, les kharijites qui avaient tué l'Imam Ali (a) et s'étaient ensuite éloignés de son fils, l'Imam al-Hasan (a), sans que Muawiya leur fasse la moindre attention, commencèrent à penser de régler la rancune qu'ils avaient du père (Muawiya) par une vengeance auprès du fils (Yazid).

La ville était ainsi en plein tension entre différents groupes. Les chiites de l'Imam Ali (a) se réunissaient souvent à la maison de Sulaymân b. Surad al-Khuzâ'î, et entendaient des discours. Sulaymân qui était un homme de longues expériences et avait constaté le changement d'avis de ces compatriotes à plusieurs reprise dans des situations politiques leur dit :

« O gens ! Si vous n'êtes pas sûr de votre avis, si vous avez peur, soyez claires et ne trompez pas les autres ! »

Tandis que les gens commencèrent dire en réponse :

« Ah non ! Jamais de la vie ! Jamais de la vie ! Nous sommes prêtes à donner notre vie, nous signons le pacte avec notre sang, que nous renverserons Yazid, et rendrons le pouvoir à al-Husayn b. Ali. »

Ils écrivirent enfin une lettre à l'Imam al-Husayn (a) :

« Merci à Dieu qui renversa ton ennemi oppresseur ! Un ennemi qui tua les bons gens et les proches du Prophète Muhammad (s), et qui donna le pouvoir aux pires des gens. Celui qui distribua le trésor public entre les plus riches et les plus agresseurs! Aujourd'hui, il n'a y aucun obstacle pour ton gouvernement. Le gouverneur de cette ville, Nu'mân b. Bashîr, réside dans son château, loin de nous qui ne lui demandons jamais son conseil et n'assistons jamais à sa prière non plus. ».[40]

Non seulement cette lettre de la part de chiites pures et sincères, mais, aussi de nombreuses autres (on parle des centaines de lettres), avaient été envoyé à al-Husayn b. Ali pour le solliciter.

En recevant tant de lettres, l'Imam al-Husayn (a) décida de leur répondre afin de ne pas les laisser dans l'attente. Il lui écrit une courte lettre :

« Je vous envoie mon cousin, Muslim, à qui je fais confiance, pour qu'il observe de près la situation de la ville et m'informe. Dans cas où ce que vous me faites savoir est vrai, je viendrai chez vous. ».[41]

Par ailleurs, certains partisans des Umayyades, écrivirent des lettres à Yazid en lui demandant de leur envoyer un gouverneur compétant en arguant que Nu'mân b. Bashîr n'était pas un homme solide et fiable. Yazid, réagit alors par accordant le gouvernement de Koufa à 'Ubayd Allah b. Zîyâd, l'ancien gouverneur de Busera.[42]

D'autre part, Muslim b. 'Aqîl arriva à Koufa avec la lettre de l'Imam al-Husayn (a). Les gens de Koufa l'accueillirent avec beaucoup de joie et d'enthousiasme. Lui, qui n'attendait pas autant d'exaltation de la part des gens, et qui d'ailleurs n'imaginait pas non plus que tant d'enthousiasme s'éteignent un jour, écrit à l'Imam al-Husayn (a) en disant :

« Les gens de Koufa sont tous avec toi et t'attendent ! Ce sera bien qui tu y viennes aussi tôt que possible. »[43]

Départ de l'Imam al-Husayn (a) vers l'Irak

L'Imam al-Husayn (a), recevant la lettre de Muslim, prit le chemin d'Irak accompagné par sa famille, ainsi qu'un group de ses compagnons.

'Ubayd Allah b. Zîyâd, également, prit le chemin de Koufa, après avoir reçu l'ordre de Yazid. Celui-ci savait bien comment traiter les gens de Koufa, puisque son père fut longtemps gouverneur de cette ville. Après être arrivé à Koufa, il commença à attirer le soutien des personnages importants de la ville, soit avec des récompenses ou des menaces ; et n'hésita pas de réprimer les contestateurs par leurs aides.

Il arrêta d'abord, Hânî b. 'Urwa qui se refugiait chez Muslim. En réaction, Muslim entra en conflit avec lui, avec de l'aide de ses partisans. Mais, ses partisans qui firent des centaines de milliers au départ, se sont dispersés et découragés au bout d'une seule journée, sans avoir été vraiment endommagés, ni avoir montré de vrai courage. De sorte que pour accomplir la prière du soir, Muslim était resté tout seul !

Suite à cela, on arrêta et tua Muslim, sous l'ordre de 'Ubayd Allah b. Zîyâd. Hânî fut décapité également, et son corps tiré au sol des foires de la ville, et montré au gens. Cela leurs fait peur, et les hommes importants de la ville se sont cachés dans le foyers comme si de rien n'était.[44]

De l'autre côté, l'Imam al-Husayn (a) était en route vers Koufa, quand on lui donna la nouvelle du martyre de Hânî et de Muslim, ainsi que l'attitude désengagés de gens de Koufa. Très bouleversé, il transmettra la nouvelle aux siens en leurs disant de retourner et de le quitter s'ils le souhaitaient.

Un part de ces compagnons repartirent, mais, sa famille et quelques personnes les plus proches et les plus fidèles restèrent avec lui. En s'approchant à Koufa, il se trouva confronté avec l'armée d'Ibn Zîyâd. Le chef de la troupe nommé Hurr b. Yazid, de la tribu de Ryâh, lui boucha le route et le fit arrêté sur une terre nommée Karbala. Le gouverneur de Koufa, étant informé de l'arrivé d'al-Husayn près de Koufa, envoya une autre armée, sous le commandement de 'Umar b. Sa'd à son encontre. Il tenta convaincre al-Husayn b. Ali (a) pour tirer son allégeance avec Yazid, mais, en vain.[45]

 

 

 

  1. Références

    1.  
  2. En langue arabe, ces deux noms ont la même sens de Hasan et de Husayn
  3.  
  4. Khadamât Mutaqâbil Islam wa Iran, Mutaharî, p 131-133
  5.  
  6. A'yân ach-Chi'a, v 6 p 449
  7.  
  8. Al-Irshâd, Cheikh al-Mufîd, v 2 p 135
  9.  
  10. A'yân ach-Chi'a, v 6 p 449
  11.  
  12. Târîkh Ya'qûbî, v 2 p 246
  13.  
  14. Îmta' al-Asma', Mîqrizi, v 6 p 269
  15.  
  16. Al-Âghânî, Isphahânî, v 21 p 78
  17.  
  18. Al-Irshâd, v 2 p 135
  19.  
  20. Al-Irshâd, v 2 p 135
  21.  
  22. Al-Îrshâd, Cheikh al-Mufîd, v 2 p 135
  23.  
  24. Dalâ'il al-Imamat, Tabarî, v 1 p 74
  25.  
  26. Manâqib, Ibn Shahrâshûb, v 4 p 109
  27.  
  28. Matâlib as-Su'ûl fi Manâqib Âl ar-Rasûl, v 2 p 69
  29.  
  30. Rawda ash-Shuhadâ, v 1 p 389-390 et A'yân ach-Chi'a, v 7 p 34
  31.  
  32. At-Tabaqât al-Kubrâ, v 6 p 399
  33.  
  34. Musnad d'Ahmad b. Hanbal, v 5 p 354
  35.  
  36. Sunan at-Tirmidhî, v 5 p 323
  37.  
  38. Al-Imamat wa as-Sîyasa, Ibn Qutayba, v 1 p 29-30, Al-Ihtijâj v 1 p 75
  39.